21/09/2015
Les élèves médecins menacent de faire année blanche
Le torchon brûle entre le ministère de la Santé et les élèves médecins de toutes les facultés du Royaume. Ces derniers, fédérés sous l’égide d’une coordination nationale, ont haussé le ton depuis le début du mois de septembre 2015, afin de pousser le département de tutelle à revoir certaines de ses décisions, qu’ils jugent inadmissibles. En effet, les élèves médecins des facultés de médecine de Casablanca, Rabat, Fès, Oujda et Marrakech boycottent toutes les activités de formation, notamment les cours magistraux et les gardes dans les hôpitaux.
Au centre de ce bras de fer, le nouveau Service médical obligatoire (SMO), une initiative proposée en avril 2015, à travers laquelle le ministre de la Santé, Houcine El Ouardi, veut pallier le manque de personnel dans les zones rurales du Royaume. Et, pour encourager les diplômés, le ministre leur propose, entre autres, la même rémunération qu’un médecin dans la fonction publique, soit 8.400 dirhams par mois.
Mais c’est compter sans la colère des étudiants. Selon Anas Chbaata, coordinateur national des étudiants des facultés de médecine au Maroc, le ministère impose ses décisions unilatéralement et sans dialogue, et utilise le SMO à des fins politiques. «Nous ne refusons pas d’exercer dans les zones rurales ou enclavées, mais nous considérons que cette initiative condamne notre avenir professionnel». Les deux ans du SMO écoulées, le diplômé retrouve le statut de chômeur, ce qui aura un impact négatif sur le développement de sa carrière.
Crise générale
Et, pour défendre leur position, les étudiants médecins n’omettent pas de faire année blanche, jusqu’à ce que le ministère exécute leurs revendications sans aucune exception. En parallèle, ils comptent organiser une marche nationale le 17 septembre 2015, rassemblant étudiants, médecins résidents et médecins internes. Ces derniers observeront une grève ouverte à partir du 1er octobre, ce qui peut déstabiliser le secteur de la santé dans sa globalité au Maroc.
Mais le SMO n’est que l’arbre qui cache la forêt. Les conditions de formation dans les facultés et dans les CHU se détériorent, et les postes budgétaires baissent alors que le nombre de diplômés augmente d’année en année. A cela s’ajoute une menace récente, à savoir la privatisation accélérée du secteur, avec l’ouverture du secteur aux capitaux.